WORLD MACHAL - Volunteers from overseas in the Israel Defense Forces

Pierre Mouchenik

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Avec nos remerciements à Yoram Mouchenik pour avoir contribué à cet important dossier du service de son père pour Machal et l’État d’Israël. Juin 2022.

Pour un autre article détaillé sur le Machal français (en Anglais) – cliquez ici

Le Mahal

Pierre Mouchenik – 1921-1967

A partir de juin 1948, en fonction de l’arrivée massive de volontaires étrangers, l’Etat-major israélien décide de mettre en place, au sein de Tsahal, un bureau nommé Mahal afin d’administrer l’ensemble des mahalniks avec la création de deux sections spécifiques : la section anglophone et la section francophone, cette dernière est la plus importante numériquement à l’été 1948. À partir de juin 1948, Pierre Mouchenik (PM) est au sein de l’État-Major, l’officier en charge dès la création et l’animation de la section des Volontaires de Langue Française (VLF) du Gachal et du Machal, pour les ressortissants de langue française de France, des pays d’Afrique du Nord, (principalement Algérie, Tunisie, Maroc), de Suisse, et de Belgique

Les missions et les activités de Pierre Mouchenik au sein du Mahal vont concerner les VLF militaires au sein de l’armée et les VLF civils après leur démobilisation. Son activité auprès des VLF est réalisée en tant que militaire en mission pour l’Etat-Major et ensuite dans le cadre d’une association la Direction des Volontaires de Langue française (DVLF) qu’il crée après le désengagement de l’armée israélienne de la prise en charge des VLF.

Ci-dessous les consignes suivantes sont transmises par l’Etat-Major aux différents commandants des camps militaires pour faciliter les missions de Pierre Mouchenik. Dans ses visites dans les différents camps militaires, il va s’efforcer de rencontrer des VLF pour un premier état de leur situation au sein de l’armée.

La consigne de l’Etat-Major, (traduit de l’Hébreu) est à nouveau transmises aux différents commandants des camps militaires le 2 août 1949 pour la poursuite de des visites de PM dans les camps militaires en direction des engagés volontaires francophones.

Activités dans la Section des VLF dirigée pas PM au sein de l’Etat-Major de l’armée.

En juillet 1948, Pierre Mouchenik fait un rapport de ses premières activités et de ses premiers constats.

Rapport de visite, bilan et propositions

Au 20 juillet 1948 Pierre Mouchenik comptabilise 1470 VLF, 800 d’Afrique du Nord, 600 F, 50 Belges et 20 Suisse, mais ces chiffres restent très approximatifs. Dans le rapport du 20 juillet 1948 : il dresse un premier état des lieux après des rencontres et des investigations dans différents camps militaires, de transit, d’entraînement et de repos : Litivinski- beth-lid- sarafund, Herzlia-Nathanya, Hedera. Il présente une typologie des volontaires de langue française : un premier groupe avec un idéal sioniste et le désir d’être dans une unité de langue française pour plus d’efficacité, principale réclamation. Un second groupe ; ” du laisser-aller” mais très satisfait de ce premier officier français délégué par l’Etat-Major auquel ils peuvent s’adresser en français. Les VLF sont dispersés dans différentes unités, sans langue commune avec les autres volontaires, ils se sentent isolés et pas en mesure de communiquer.

Dans leur affectation, ils ne peuvent s’expliquer auprès de leurs supérieurs et sont punit pour leurs initiatives. Ils manquent des fournitures les plus élémentaires ; savon, lames de rasoir, etc. Ils souhaitent servir dans une unité française. Ils sont très satisfait qu’un bureau leur soit dédié à Tel-Aviv et ils demandent qu’il en soit de même à Haïfa et à Jérusalem.

 

En fonction de ces visites et des demandes de VLF, les premières propositions de PM sont :­­

– Rassembler dans un même camp les volontaires de langue française

– Création d’un bureau militaire français au sein de ce camp, sous les ordres directs de l’état-major

– Dans les camps du front, les français sont dispersés. Ils demandent à être avec des combattent de langue française, recevoir des livres et des journaux en français paraissant en Palestine. Pour PM, ces combattants seraient mieux employé au sein d’une compagnie composée de français.

– La très grande majorité des VLF souhaite être incorporés dans une compagnie spécifiquement de Langue française.

Dans les nécessités immédiates, ils demandent :

– Organisation d’un service postal d’envoi et de réception et passant par la France pour les ressortissants d’Afrique du Nord.

– Création d’une consigne à Bagages, diffusion de journaux aux unités

– Attribution d’une somme d’argent égale à tous les volontaires engagés à partir des pays étrangers.

Dans les différentes visites ; il y a repérage des VLF venant de France et d’Afrique du Nord, mais une absence de liste. Dans les observations, il y un manque d’encadrement et le moral est mauvais, souvent ces volontaires n’ont pas d’activités et d’attributions fixes sauf les corvées, Ils se sentent mal considérés.

Extraits du pré-rapport de PM, (voir le Pré-rapport du 20 juillet 1948 et le rapport plus complet du 21 juillet 1948 .

 

 

A Haïfa, chaque soldat réclame un bureau français qui puisse proposer les mêmes buts que celui de Tel-Aviv. Il en est de même à Jérusalem. J’ai visité des unités au front où les Français étaient parsemés. Ils réclament qu’il leur soit adjoint des combattants de leurs langues et qu’il leur soit envoyé des livres et les journaux paraissant en Palestine. Il est incontestable que leur présence serait mieux employée au sein d’une compagnie composée de Français. Ils sont heureux de savoir qu’un service s’occupe d’eux. Leurs commandants les considérant comme des Français. Je me trouve en présence de quelques hommes faisant preuve de laisser aller, en civil, qui se réveillent de leur mutisme en apprenant que l’Etat-major a délégué un officier français pour les contacter. Je suis­­­­ la première personne depuis leur arrivée à laquelle ils peuvent poser des questions et se renseigner sur leur situation.Ils veulent commencer au plus tôt leur instruction et être affectés, d’autres sont spécialistes et veulent être employés dans leur branche. Les hommes ne pouvant s’expliquer prennent des initiatives qui leur attirent les réprimandes incomprises de leurs supérieurs. Ils n’ont pas de savon, de lames de rasoir, d’effets militaire etc. combien de temps vont-ils rester dans cette situation ? quand auront-ils une permission etc. etc.Tous sont heureux d’apprendre qu’un bureau à Tel Aviv est mis à leur disposition. Ils désirent qu’il puisse répondre aux besoinssuivants :-RecevoirleurcourrierEntreposerleursbagages
-Lesintroduiredansdesamillespalestiniennes- Leur établir les dossiers afin de faire les démarches nécessaires pour la récupération de leurs passeports, ainsi que les papiers d’identités (pris au bureau d’engagement de France avec promesse de les leur faire suivre).
– Faire parvenir pour les nord-africains le courrier à leurs familles via France
– Recherche d’amis, de famille etc. etc.

Connaître les engagements de la Haganah à l’égard des Volontaires étranger lors de leur recrutement en Europe

PM s’informe auprès d’un gradé supérieur de l’état-major des engagements pris à l’égard des VLF par la Haganah au moment de leur recrutement. Par une lettre en Hébreu (Voir en Annexe p.  ) du 14 janvier 1949 du gradé supérieur de l’état-Major, le Commandant (en charge du recrutement des volontaires en Europe de 1946 à 1948) précise à Pierre Mouchenik ce qui avait été convenu pour l’intégration de VLF, certainement pertinentes dans les objectifs de la DVLF dirigée par PM en précisant :

– les condition d’admission des volontaire français et d’Afrique du Nord.

Les conditions de sortie : aide au retour dans le pays de départ, aide à l’intégration en Israel, aide pour faire venir les familles des VLF qui le souhaitent

Les multiples missions du Mahal pour les volontaires de langue française

Les missions de la section Mahal des VLF sont multiples aussi bien au sein de l’armée que dans la Direction des VLF. Pierre Mouchenik et son équipe au sein du Mahal sont particulièrement sollicité :

– par les familles à l’étrangers et différents organismes pour la recherche des disparus, des VLF dont les familles sont sans nouvelles, des relations avec les familles des VLF morts au combat, Les familles qui veulent de rendre sur la tombe de leur fils/frère mort et qui ont besoin d’une aide financière, la gestion des deuils.

– l’émigration en Israël de familles de VLF et autre

– L’intégration, l’emploi, la formation des VLF démobilise et en particulier pour les VLF originaire d’Afrique du Nord qui représente 70% des VLF.

– Au titre de la Section des Militaires de langue française, PM est également en charge de la démobilisation des VLF

et des attestations qui leurs sont remises pour faire valoir leurs droits.

Recherche des disparus

Une partie importante dans le fonctionnement du Mahal est documenté avec les Lettres personnelles des familles et des institutions dans la recherche de disparus ou de sans nouvelle de jeunes hommes engagés dans l’armée israéliennes.

Pour les familles et les organismes à l’étranger, la Direction des VLF devient le pivot des recherches des disparus, des morts au combat, des VLF dont les familles sont sans nouvelles et particulièrement inquiètes de leur sort. Parmi les sollicitations il y a aussi celles des familles dont l’enfant est décédés et qui ont besoin d’une aide financière pour voyager et venir se recueillir sur la tombe de leur enfant enterré en Israel.

 

­PM et le Mahal,, avec une grande énergie sont particulièrement impliqués dans les processus d’intégration, d’emploi, de formation, et de création d’entreprise pour les VLF démobilisés

dont de nombreux courriers échangés rendent compte

-Démobilisation, intégration professionnelle

-Création d’entreprises, recherche de financement, demande de contributions industrielles, des entreprises et de différentes communautés, en France, en Afrique du Nord…

Malgré ses initiatives et ses résultats la survie financière du Mahal est mal assurée, les sollicitations aux institutions juives de France n’auront pas les résultats attendus

 

Poursuite des missions du Mahal après le désengagement de l’armée de la prise en charge des VLF démobilisés

La section Mahal militaire est démobilisée le 13 octobre 1949 (voir article dans le Journal de Jérusalem (9-2-1950). Mais en réalité elle n’arrête pas ses activités, qu’elle poursuit dans un cadre associatif à partir de novembre 1949 et officialisé en Mars 1950 qui poursuivra ses activités avec une nouvelle aide financière de l’armée jusqu’au 31 mai 1950.

Le désengagement de l’armé de la prise en charge des VLF démobilisé se manifeste par un courrier de Pierre Mouchenik pour défendre la continuité de ce service au sein de l’armée (archives Tsahal 1958-1000827-55)

La création officielle par Pierre Mouchenik de l’Association des Volontaires de Langue Française, la Direction ou Section des Volontaires de Langue Française, officiellement enregistrée le 22 mars 1950, bénéficiant d’une aide financière provisoire de l’armée.

En 1964, PM délègue à Felix Riahi le soin de reprendre contact “avec les anciens combattants de langue française en vue de faire revivre l’association

Pour rappel. Le Mahal France ne s’est pas uniquement construit à partir de la guerre d’indépendance mais bien avant avec les actions des jeunes juifs sionistes, le plus souvent déjà impliqués dans la résistance en France.

Parallèlement à différentes activités après-guerre en France (recherches de listes de déportés, l’accueil des déportés survivants et des enfants, l’organisation de maison de repos), les missions de Pierre Mouchenik avec d’autres jeunes sionistes se concentrent dans l’organisation de l’Alya clandestine pour la Palestine et la construction du futur Mahal des volontaires français. PM fait partie de la Haganah sous l’autorité de Mr Pol (Abraham Polonski), qui est un acteur particulièrement important de l’immigration clandestine en Palestine.

Entre-autres les missions de PM :

– Pour l’Exodus à Port-de-Bouc,

– Différentes responsabilités pour l’Alya clandestine, création et responsable de l’Association Maritime Zebulon L’association maritime Zebulon France, a été créé en aout 1945, PM est secrétaire de l’Association qui forme de futurs marins pour l’Alya. En même temps que sont créés des lieux d’hébergement pour le retour et le repos des déportés, sont organisés des lieux de stage par l’association maritime pour former les futurs marins pour l’Alya clandestine.

– responsables et représentants des sociétés de couverture : Parimexco et des Comptoirs Français d’Exportation des appareils de chauffage & Cuisine domestiques, etc.

PM est particulièrement impliqué dans la mobilisation des volontaires de langues françaises pour aller combattre en Palestine : « Dès 1945, je suis en contact (secrètement) avec des envoyés de la Haganah à Paris qui œuvre pour l’indépendance d’Israël. Un de ces plus importants de ces agents de l’ombre est un ami d’enfance, Pierre Mouchenik. En juillet 1948, je me présente à Paris, 83 avenue de la Grande-Armée, après une visite médicale, je signe mon engagement ». Témoignages de Marcel Kisielevska  (Fragerman M. & al, 2006, p132), Fragerman M. & al (2006). La guerre d’indépendance d’Israël, 1948-1949, Témoignages de volontaires français et francophones. PM le sera également pour leur démobilisation « Je suis démobilisé à Jaffa par le lieutenant Pierre Mouchenik qui, au Grand Arenas, à joué un rôle prépondérant pour le rassemblement et le transport vers Israël des volontaires francais. Je découvre qu’il était un des meilleurs amis de mon père.» Témoignage de Joseph Klejner (Fragerman M. & al, 2006p137).

PM poursuit ses activités pour l’Alya clandestine jusqu’en février 1948 date à laquelle il émigre en Palestine,  rattaché dans un premier temps à la base militaire de recrutement et d’enrôlement nº 9 (aujourd’hui Tel Hashomer). (Archives de Tsahal, dossier 52-227/1949/1949). Il participe aux combats dans le Néguev avant de se voir confié la responsabilité des volontaires francophones.

Pierre Mouchenik née en 1921 décédera en 1967 avant que la résistance juive et l’importance du Mahal ne soient pleinement reconnues.